Crue de Seine : qui l’eût crue, en 1910 ?
La Seine monte, le Covid-19 monopolise l'information... Mais ne vous inquiétez pas : ça aurait pu être bien pire ! Comme en cette année 1910, où la Seine est montée à un niveau inégalé ! Allez, on vous partage une petite dose d'histoire vitaminée pour vous remonter le morale !
Une crue exceptionnelle !
Ce fut une grande crue, un millésime, même, dont on se serait bien passé, tant elle fût tout sauf modérée ! L’eau monta jusqu’à 8,62 m soit à plus de 8 m au-dessus du niveau normal. Les mois de janvier et de février 1910 marquèrent la mémoire collective de ce que l’on nomma par la suite la « crue centennale ».
En 1910, la France entre triomphante dans le siècle du progrès et de l’industrie. Toute la production, les récoltes ou la viande des villes et villages du bassin de la Seine partent pour Paris à bord de centaines de péniches ou de radeaux.
Lorsqu’en janvier 1910, la pluie tombe sans discontinuer, et que le niveau de la Seine se met à dangereusement monter, personne ne s’attend à ce qu’une crue paralyse totalement les communes en bord de Seine.
A partir du jeudi 20 janvier 1910, les bateaux ne passent plus sous le pont de l’Alma. 250 péniches se
trouvent ainsi immobilisées. Et l’eau continue à monter les jours suivants pour atteindre, le vendredi 28 janvier, 9,50 mètres au Pont-Neuf.
Paris prend les gondoles à Venise
Paris est touchée dans sa modernité. Le métro, les égouts, les canalisations souterraines récemment
creusées sous la capitale, offrent aux flots déchaînés de nouveaux chemins pour envahir la ville. La
vie des Parisiens est bouleversée.
La gare de Lyon et la gare St-Lazare sont bloquées. La gare d’Orsay n’est plus qu’une immense piscine. Le chemin de fer de ceinture est coupé. Les ordures ne peuvent être évacuées et sont jetées dans la Seine en crue qui devient une immense décharge flottante.
L’eau a gagné les Champs-Élysées. Le Palais Bourbon est cerné par les eaux et les députés se rendent en barque à la séance de la Chambre !
Et à Épinay ?
La Ville d’Épinay-sur Seine a été plutôt épargnée par la grande crue. Les écoles sont préservées. Cependant, trois usines chôment en raison des inondations. 56 ouvriers se retrouvent sans activité, ni salaire. Des usines de villes voisines où travaillent de nombreux Spinassiens sont également contraintes de stopper leur activité…
Un élan de soutien national
Face à cette situation de crise, un élan de solidarité se met en place dans toute la France, comme à l’étranger. Des soupes populaires et des asiles apportent leur soutien aux victimes. Des souscriptions, lancées par les journaux dans les mairies, font appel à la générosité nationale pour venir en aide aux sinistrés. Les fonds récoltés sont bien supérieurs à ceux débloqués par les pouvoirs publics.