Dossier du mois de mars : Les Spinassiennes sont formidables !

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, Épinay-sur-Seine met à l’honneur six Spinassiennes aux parcours remarquables. Des femmes combatives et inspirantes qui ont su se faire une place pour faire vivre leurs rêves et leurs ambitions. Rencontres.


AURÉLIE MACHEREY, LA CHEF D’ENTREPRISE INFATIGABLE

L’été prochain, pour la deuxième année consécutive, Aurélie Macherey, directrice générale et adhérente du E. Leclerc d’Épinay-sur-Seine, se rendra sur le Tour de France féminin pour décerner à la gagnante des épreuves de montagne le fameux maillot à pois. Une récompense qu’elle pourrait elle-même arborer tant son ascension professionnelle est incroyable ! Après avoir commencé sa carrière en tant qu’assistante de direction, après avoir mis entre parenthèses sa carrière pendant quelques années le temps de s’occuper de ses deux filles, et après seulement douze ans au sein du groupe Leclerc, elle est aujourd’hui, avec son époux, Sébastien Macherey, à la tête de 140 salariés : ceux qui travaillent à l’hypermarché d’Épinay mais aussi au Drive de Sannois et au Relais d’Enghien-les-Bains. Et ne pensez pas qu’elle est dans l’ombre de son mari, absolument pas : « Nous sommes vraiment complémentaires, nous avons donc chacun nos missions, et nos équipes savent quand s’adresser à moi ou à mon mari », précise Aurélie Macherey.

Un parcours qui se construit pas à pas

Lorsqu’elle rejoint l’enseigne Leclerc, elle commence pourtant comme hôtesse de caisse, poste qu’elle occupe pendant deux ans avant de devenir chef de caisse, puis chef de rayon et enfin responsable du secteur non alimentaire. « Chez Leclerc, on peut partir de rien et occuper des hautes fonctions, car on nous demande de faire d’abord le tour des autres postes : cela donne une bonne connaissance du terrain et donc plus de légitimité », explique la quarantenaire combative, avec sa voix toute douce. Après ce parcours initiatique, le couple est sollicité par l’enseigne en 2017 pour lancer la livraison à domicile sur Paris, puis, en 2021, ils reprennent l’hypermarché spinassien qu’ils rénovent entièrement. « Je ne m’imaginais pas forcément chef d’entreprise au départ mais l’idée a fait son chemin petit à petit, et, aujourd’hui, je me sens à ma place. » Une place bien installée puisqu’elle est également ambassadrice du fonds Hélène et Édouard Leclerc pour la culture, qui œuvre pour la mise en lumière d’artistes contemporains, lors d’expositions de grande envergure, en Bretagne, là où l’aventure Leclerc a commencé.

Le goût du déf

Mais tous ces défis ne suffisent pas à Aurélie Macherey qui s’est désormais mis en tête de participer au marathon de Paris, en avril prochain. « La course à pied, c’est mon défouloir. J’y prends beaucoup de plaisir, surtout depuis que je me suis inscrite en club pour m’aider dans ma préparation du marathon, explique celle qui a déjà à son palmarès plusieurs semi-marathons. Le fait d’être en équipe me motive et m’aide à progresser. » Indiscutablement, Aurélie Macherey est l’illustration parfaite du proverbe « Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin ! »


DJELIKA DIALLO, L’IMPERTURBABLE CHAMPIONNE

« Rien. » Lorsque tombe la réponse de Djelika Diallo à la question « Qu’est-ce que votre médaille aux Jeux Paralympiques de Paris 2024 a changé pour vous ? », elle pourrait presque paraître frustrante. Mais c’e« Rien. » Lorsque tombe la réponse de Djelika Diallo à la question « Qu’est-ce que votre médaille aux Jeux Paralympiques de Paris 2024 a changé pour vous ? », elle pourrait presque paraître frustrante. Mais c’est surtout le signe d’une sacrée maturité que montre celle dont le prénom est justement symbole de sagesse, de respect et de tradition en Afrique de l’Ouest. « Pas question de prendre la grosse tête », ajoute la championne de para-taekwondo.

Pourtant la jeune Spinassienne, qui fêtera ses 20 ans dans quelques semaines, a littéralement enflammé les tatamis du Grand Paris dès son entrée en lice dans la compétition en battant la tenante du titre, la Danoise Lisa Kjaer Gjessing. Et le 30 août dernier, lorsqu’elle est montée sur la 2e marche du podium, après sa défaite contre la favorite de la compétition, la Brésilienne Ana Carolina Silva de Moura, c’est une véritable ovation du public qu’elle a reçue. « Le public était vraiment là. En handisport, on n’a jamais de public aussi intense. C’était très beau à voir », avait-t-elle réagi dans les colonnes du journal Le Monde juste après son combat.

Consciencieuse et surmotivée

Pourtant, seulement quelques jours plus tard, elle reprenait le chemin de l’INSEP, le centre d’entraînement des sportifs de haut niveau, où ses journées s’enchaînent au rythme des entraînements et de ses cours en 1re année de BTS management commercial opérationnel. Consciencieuse et surmotivée, Djelika est en effet déjà en train de préparer les prochains JOP, qui se dérouleront à Los Angeles en 2028.
Elle le dit d’ailleurs elle-même : « ce qui m’a permis d’arriver à ce niveau, c’est ma détermination. » Il est vrai que cette journée d’initiation au taekwondo, il y a seulement cinq ans, avec le collège Robespierre, semble bien loin tant le chemin parcouru est immense. « L’entraîneur du Centre national m’a repérée et m’a convaincue de rejoindre le club de taekwondo de Dugny », se souvient la jeune sportive qui souffre depuis la naissance d’une paralysie du plexus brachial du bras gauche.
Depuis, outre la médaille de Paris, Djelika a également remporté deux médailles d’argent aux Championnats d’Europe et une médaille d’or aux Championnats d’Asie, face aux pionnières de cette discipline née en Corée du Sud ! Le prochain rendez-vous pour Djelika ? Les championnats du Monde, en octobre 2025, avec un statut de favorite ne sont guère pour l’effrayer. « Ça ne me dérange pas, répond-elle, je ferai mon travail, c’est tout. » Imperturbable Djelika.


NATACHA STOJIC, LA PÂTISSIÈRE DE CHOC(OLAT)

Elle est loin la petite collégienne d’Évariste Gallois qu’on avait orientée vers une école de couture malgré elle. Aujourd’hui, du haut de son 1,80 m, Natacha Stojic sait parfaitement ce qu’elle veut et ne laisse plus quiconque lui dicter ce qu’elle doit faire. Cheffe cuisinière, pâtissière, chocolatière et confiseuse, elle a fondé son entreprise, Nâtisserie, en 2021. Peut-être avez-vous d’ailleurs dégusté les succulents chocolats chauds et les délicieuses guimauves qu’elle proposait à la vente lors du dernier Marché de Noël, place René Clair. Des créations exclusives, tout comme c’est le cas de ses pâtisseries en forme de balles de tennis, préparées à l’occasion du dernier tournoi de Roland-Garros ou encore de ses incroyables tartes au citron verticales, commandées pour le tournage d’une série.

« Je n’ai eu que quatre jours pour trouver la recette qui conviendrait à toutes les contraintes du tournage, raconte cette jeune femme de 35 ans qui avoue un penchant certain pour le perfectionnisme. Mais j’aime bien l’adrénaline que ce genre d’exercice procure, ça demande de faire preuve d’inventivité et d’audace. »

Façon Top chef

Booster l’inventivité, l’audace, c’est aussi ce que recherchent les entreprises qui commandent à Natacha des ateliers « team building ». Le temps des séminaires ennuyeux où l’on organisait des jeux de rôle pour encourager l’esprit d’équipe est en effet révolu et, plusieurs fois par semaine, la Spinassienne est sollicitée par de grandes sociétés parisiennes pour organiser des événements façon Top chef où les salariés doivent construire ensemble un menu de A à Z. « L’artisanat, et la cuisine en particulier, donne un sentiment d’accomplissement de dingue, c’est très valorisant, explique-t-elle. Et puis, forcément j’en profite pour donner quelques conseils pour aider les gens à mieux manger. » > Natisserie.fr

Hinda Mhebik,
Adjointe au Maire déléguée aux Finances et à l’Égalité femmes-hommes

« Les femmes ont toujours été au cœur des changements qui façonnent notre société. Cette vérité se reflète dans les parcours inspirants des six Spinassiennes remarquables ou des figures historiques féminines qui, de plus en plus, trouvent la reconnaissance qui leur est due dans nos rues. L’exemple de Nawal El Saadawi est un symbole fort de cette lutte. Elle disait : « Lorsque les femmes avancent, c’est toute la société qui progresse. » Aujourd’hui, en 2025, il est essentiel que femmes et hommes unissent leurs forces sur un pied d’égalité. C’est ensemble, dans un véritable partenariat, que nous pourrons relever les défis économiques, sociaux et climatiques qui nous attendent, et construire un monde meilleur. »


JACQUELINE LESCAUWIER, LA MÉMOIRE VIVE D’ÉPINAY

Elle a fêté ses 100 ans le 20 août dernier et elle vit toujours dans la maison que ses parents ont fait construire en 1929 dans le quartier du Cygne d’Enghien. Une maison que Jacqueline Lescauwier a bien cru perdre pendant la Seconde Guerre mondiale. En effet, au début du conflit, la famille a fui Épinay pour la région bordelaise mais, lorsqu’elle décide finalement de rentrer, quelques semaines seulement plus tard, ils découvrent avec stupeur qu’elle est désormais occupée par des Allemands. « Au départ, nous avons été hébergés chez des voisins. Seul mon père, qui voulait montrer aux Allemands qu’il était déterminé à récupérer sa maison, dormait chez nous, sur le divan, au milieu des Allemands.

Et puis, ils ont fini par nous rendre la maison », raconte la fringante centenaire. Elle se souvient aussi des abris anti-bombardement, construits à la hâte au bout de la rue mais où la famille n’allait jamais, des petits matins où sa mère partait, seule à pied, dans la nuit, pour essayer de trouver de quoi manger dans les fermes environnantes, des soldats allemands qui, quelques heures plus tard, allaient et venaient au pas dans sa rue.

Les leçons du passé

Une sombre époque dont elle se demande parfois si on a bien retenu toutes les leçons. « Aujourd’hui, ça nous paraît loin et lorsque, chaque soir, je regarde le journal télévisé, je me dis qu’on a parfois la mémoire courte ! », vitupère cette passionnée d’histoire, ancienne secrétaire médicale qui a officié dans différents établissements scolaires de la ville, notamment à l’école Pasteur et à l’école Victor Hugo.
« Le samedi matin, je me souviens, je m’échappais un peu plus tôt du travail, en catimini, pour me rendre aux conférences du musée du Louvre », se souvient Jacqueline Lescauwier.

13 petits-enfants et 21 arrière-petits-enfants

Bon pied bon œil, aujourd’hui encore, l’ancienne organiste de l’église Notre-Dame-des-Missions continue de sortir pour faire ses courses, aller chez le coiffeur et au restaurant de temps à autre. Et, si elle se félicite des transformations qu’a connues sa ville de toujours, elle déplore en revanche le fait que les gens se parlent de moins en moins. Elle-même mère de 4 enfants, grand-mère de 13 petits-enfants et arrière-grand-mère de 21 arrière-petits-enfants dont certains vivent à Épinay et d’autres dans le sud de la France et même au Canada, elle connaît bien toutefois les contraintes de la vie moderne. « Je comprends, les gens travaillent, mais c’est dommage de ne plus prendre le temps de discuter avec ses voisins », regrette celle qui, lorsqu’on lui demande son secret de jouvence, botte en touche. Mais l’amour de cette famille soudée n’y est sans doute pas pour rien.


SANDRA KOELSCH, DE LA MTD AU FESTIVAL D’AVIGNON

Petite fille, Sandra Koelsch rêvait d’être danseuse. La scène, le public, les costumes la fascinent. Mais, bonne élève par ailleurs, elle choisit finalement la voie de la raison plutôt que celle du cœur et entreprend des études de commerce international et de japonais. Le destin ne lui donne pas tort puisqu’elle n’a pas encore 30 ans lorsqu’elle devient directrice des licences internationales dans le groupe de prêt-à-porter qui commercialise les marques Naf-Naf et Chevignon et dont le siège est, à l’époque, à Épinay-sur-Seine. Un poste à responsabilités qui lui demande de grosses amplitudes horaires, alors, pour réussir à mieux conjuguer vie de famille et vie professionnelle, elle s’installe à Épinay et est rapidement conquise.

Savoir saisir les opportunités

Hélas, deux ans après son installation à Épinay, la société est rachetée et les équipes de direction renouvelées. Un problème rapidement résolu par cette battante qui, après un nouveau master en marketing digital, se met à son compte et devient consultante en stratégies marketing. Les affaires marchent bien. Sandra prend même le temps de se remettre à la danse classique par pur plaisir et découvre le théâtre. « J’ai grandi à Tahiti, un endroit certes paradisiaque mais où l’on n’a pas les mêmes équipements sportifs et artistiques, souligne cette habituée de la MTD et du Conservatoire. Cela a été une chance inouïe non seulement pour moi mais aussi pour mes filles », ajoute la maman, fi ère de son aînée, en 2e année à Sciences Po Paris, et de sa cadette qui prépare les championnats de France de boxe française tout en potassant son bac franco-allemand !

Le hasard fait bien les choses

Le tournant se situe en 2018, lorsque Sandra ressent le besoin de se changer les idées, à la suite d’un deuil douloureux. Elle qui s’amuse tant au théâtre s’inscrit à un stage proposé par le Cours Florent, sans doute l’école d’art dramatique la plus célèbre de France dont les élèves devenus stars se comptent par dizaines, d’Agnès Jaoui à Pierre Niney, en passant par Daniel Auteuil, Alexandra Lamy ou encore François Civil. La bulle d’air que Sandra voulait s’offrir prend une tout autre tournure lorsque le Cours Florent lui propose d’intégrer sa formation continue. « À vrai dire, je n’avais plus vraiment envie d’aller vendre des choses inutiles à des gens qui n’en ont pas besoin, alors j’ai dit oui », explique Sandra.

Prête à décoller

À la sortie de l’école, elle est déterminée mais elle sait aussi que, à 45 ans, courir les castings pour obtenir des rôles intéressants risque d’être vain. Alors elle se dit qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même et décide de monter sa propre compagnie de théâtre, avec quelques amies spinassiennes. « J’ai créé Tamago en 2022 – cela veut dire œuf en japonais je trouvais que c’était un joli symbole de création artistique : on le couve patiemment, et, un jour, il éclot. »
Aujourd’hui, à tout juste 50 ans, elle donne régulièrement des cours de théâtre dans les écoles primaires des alentours, mais, surtout, elle s’apprête à présenter au Festival d’Avignon 2025 sa toute première mise en scène. Il s’agit de deux histoires d’amour de la mythologie japonaise revisitées par le célèbre auteur Yukio Mishima. « C’est un passage obligé pour toutes les jeunes compagnies, car l’ensemble de la profession est présent : c’est donc le moment de se faire connaître si l’on veut être programmé dans les salles de spectacle », explique Sandra Koelsch. Un sacré défi que cette Spinassienne déterminée saura sans nul doute relever ! tamago-cie.com


CHRISTÈLE DUDILLIEU, LE GOÛT D’APPRENDRE

Pendant vingt-cinq ans, Christèle Dudillieu a été professeure des écoles. Un métier qu’elle a aimé par-dessus tout mais dont elle a aussi constaté les limites mieux que personne. « Lorsque je me suis rendu compte que ma fille cadette, qui a aujourd’hui 17 ans, était ce qu’on appelle « multidys », c’est-à-dire qu’elle était dyslexique mais qu’elle avait aussi des troubles dysphasiques (de la communication), je me suis beaucoup renseignée sur les méthodes d’apprentissage alternatives », se souvient l’enseignante. Elle découvre alors les cartes mentales, la pédagogie positive et autres enseignements souvent venus du Canada et des pays scandinaves.

À l’écoute du corps

En parallèle, elle s’initie au toucher bienveillant, à la méditation dont les bienfaits ne sont plus à démontrer ou encore au yoga qu’elle enseigne d’ailleurs au Club sportif multisections d’Épinay-sur-Seine toutes les semaines. « Notre corps est une formidable machine : en agissant sur lui, on peut aussi apprendre à mieux gérer nos émotions, améliorer nos capacités d’attention et de concentration et revenir plus facilement au calme », explique Christèle Dudillieu. Si elle parvient non sans persévérance à faire entrer ces méthodes dans sa salle de classe timidement, elle en veut davantage. Alors, en juin 2024, elle quitte l’Éducation nationale. « J’ai expliqué à ma hiérarchie que je voulais faire plus que distiller des connaissances en maths ou en français à mes élèves mais que je voulais vraiment leur apprendre à apprendre ! »

Bientôt à la Maison du Centre

Le contact reste toutefois très étroit puisque, aujourd’hui, elle intervient auprès d’enseignants qu’elle forme, mais aussi auprès des enfants, dans les écoles et les centres socioculturels ainsi qu’en coaching individuel. Elle fait également partie d’une association, Le sens de l’école, qui lutte contre le décrochage scolaire. Et, preuve que nous pouvons tous tirer profit des techniques miraculeuses qu’elle préconise, elle animera prochainement des ateliers de détente à destination des femmes à la Maison du Centre.

Plus de renseignements sur latelierdes3chouettes.fr

Mis à jour le 05 mars 2025.


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