L’art en balade : quand sculptures riment avec histoire

Épinay-sur-Seine cache en son sein bien des trésors d’art et d’histoire sur lesquels nos yeux se posent au gré des rencontres et des balades, mais sans pour autant y porter un regard attentif. Souvent créées pour répondre à une commande ou à un contexte particulier, ces œuvres n’en laissent pas moins transparaître l’univers de l’artiste. Nous vous invitons à découvrir celui de Carlo Sarrabezolles, mondialement reconnu et auteur de trois sculptures visibles sur la Ville.

Un artiste novateur
Né à Toulouse en 1888, Charles Sarrabezolles dit « Carlo », étudie les Beaux-Arts dans sa ville natale puis à Paris. D’abord reconnu pour ses dessins et ses esquisses, il élabore à partir de 1925 des sculptures monumentales notamment rattachées au patrimoine religieux qui le rendront mondialement célèbre.
De ces géants naissent un art novateur par la sculpture par taille directe sur du béton en prise, ce qui signifie du béton frais dont le modelage est encore possible pendant quelques heures. Il s’agit d’une technique exigeante qui ne souffre ni arrêt ni reprise pour que la sculpture prenne forme sans heurt.

Trois œuvres pour trois histoires
Initiée pour l’église Saint-Louis de Villemomble en 1926, cet art sera aussi appliqué pour les quatre statues du clocher sculptées dans le béton et les acrotères* de la façade de l’église Notre-Dame-des-Missions. Il participera à ses deux chantiers : celui de sa construction en 1931 pour l’exposition coloniale de Paris, puis celui de sa reconstruction deux ans plus tard dans le quartier du Cygne d’Enghien à Épinay-sur-Seine. En effet, ce nouveau quartier dynamique qui accueille autant la moyenne bourgeoisie que la classe ouvrière ne dispose pas de bâtiment religieux. La construction de cette église à l’architecture riche en symboles pallie ce manque et devient dès 1994 un patrimoine classé au titre des Monuments Historiques.

 

Le plasticien travaille également d’autres matériaux comme le bronze. Bien avant de participer à l’édification de l’église Notre-Dame-des-Missions, il sculpte la statue de la « Victoire » qui orne le monument aux morts inauguré en 1922 place René Clair. Ses lignes sobres symbolisent la reconnaissance et l’hommage du pays rendus aux soldats décédés au cours du premier conflit mondial.

 

Aujourd’hui, il porte le nom de 280 « enfants morts pour la France » aux cours deux guerres mondiales et de la guerre d’Algérie pour lesquels les commémorations sont organisées.

 

Enfin, c’est toujours pour rendre hommage que l’artiste reprend ses biseaux en 1957 et qu’il exécute un médaillon à l’effigie de Georges Martin, maire de la Ville et instituteur, décédé en 1956. La Ville qui bâtissait alors une nouvelle école rue Mulot décide de la nommer Georges Martin en l’honneur de son engagement pour l’éducation scolaire. Aujourd’hui encore, elle conserve l’œuvre de Carlo Sarrabezolles entre ses murs.

* Ornements