Mme d’Epinay : Les Contre-confessions d’une artiste libre

Au XVIIIe siècle, ne comptez pas sur Mme d'Epinay, femme de lettres, pour se contenter de faire figuration... N’en déplaise aux hommes avec qui elle fréquentait les salons !

Connue pour ses prises de position avant-gardiste, Mme d’Epinay l’est beaucoup moins pour ses écrits, pourtant pleins de finesse et d’originalité d’après les critiques.

La postérité, une affaire qui s’accorde au masculin ?

Une question se pose alors. Pourquoi n’est-elle pas passée à la postérité ? A-t-elle payé le prix fort d’avoir exprimé ses idées, remettant en cause la place de la femme dans la société ?

À l’occasion de ce mois de mars, qui célèbre la Journée internationale de leurs droits, éclairons l’œuvre de cette grande artiste injustement restée dans l’ombre.

Plus connu sous le nom de Madame d’Épinay, Louis Florence Pétronille de Tardieu d’Esclavelles (1726-1783), épousa en 1745 Louis-Denis La Live de Bellegarde, seigneur d’Épinay. Mais le mariage est malheureux et Madame d’Épinay obtient la séparation en 1751.

Elle part alors se réfugier au château de la Chevrette à Deuil puis à celui de la Briche à Épinay où en tant qu’amie des arts, elle accueille les philosophes de son temps, dont Denis Diderot, Melchior Grimm et Jean-Jacques Rousseau.

Le clash des Confessions

Si de riches échanges relient Rousseau à Madame d’Épinay sur l’éducation des enfants, l’allaitement maternel ou le lien parent-enfant, un conflit éclate en 1757 entre le philosophe et l’amant de la châtelaine, le Baron Grimm, opposé aux idées de Rousseau. La situation s’envenime lorsque le philosophe écrit ses Confessions publiées en 1782.

Ouvrage biographique qui expose, selon l’auteur, ses défauts et ses faiblesses avec franchise, il n’en décrit pas moins les rapports qu’il entretient avec son entourage avec tout autant de franchise, ce qui déplaît fortement à Madame d’Épinay qui craint le règlement de comptes.

Les Contre-Confessions

Dès lors, elle rassemble ses mémoires et ses correspondances, prend la plume et porte aux nues la bienséance d’une société bloquée entre modernisme des idées et respect des étiquettes. À l’image d’autres romans épistolaires, elle signe avec les Contre-Confessions une œuvre originale publiée à titre posthume en 1818.

À travers la correspondance fictive d’Émilie de Montbrillant, double romanesque de l’auteur, le lecteur découvre une femme passionnée, en quête de reconnaissance et d’émancipation.

Derrière cette critique pseudo-biographique, cette femme artiste en cache une autre. En effet, celle qui fut la maîtresse reconnue de Grimm, le fut également de Louis Claude Dupin de Francueil de 1749 à 1754. Celui qui n’est autre que le grand-père de la célèbre auteure de la Mare au diable, Aurore Dupin, plus connue sous le nom de Georges Sand, fit dresser le portrait en miniature de sa maîtresse qui est aujourd’hui conservé au musée romantique de Paris.