Vos talents : Esther Kouby et ses confitures qui dépotent

Elle est à l’image des confitures qu’elle confectionne : pleine de peps, d’originalité et de caractère. Rien ne semble pouvoir arrêter Esther Kouby, une jeune Spinassienne, originaire de la Guadeloupe, qui, à 25 ans, est déjà à la tête de deux entreprises.

Carotte-cannelle, violette-gingembre-pamplemousse, betterave-fleur d’oranger et sa préférée, pomme-coing-vanille. Les saveurs que propose Esther Kouby pour ses confitures sont assurément originales, tout autant que sa démarche, puisqu’elle les confectionne, dans sa cuisine, avec des fruits et des légumes invendus de l’espace primeur et du marché de La Briche. « Il n’y a pas très longtemps, une formatrice m’a expliqué que j’avais des prédispositions artistiques et c’est vrai que tous les jours, j’ai de nouvelles idées », explique la jeune femme. Beaucoup d’idées et une énergie incroyable : à 25 ans, elle gère deux entreprises, vient d’obtenir son BTS Management des unités marchandes, tout cela en s’occupant de sa petite fille de 4 ans !

Une famille très soudée

Pour autant, cela n’a pas toujours été facile pour la jeune femme. « Je venais tout juste d’obtenir mon bac lorsque ma grande sœur, qui faisait ses études de médecine en métropole, a déclaré une tumeur au pancréas. Ma mère a décollé de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) en urgence pour aller à son chevet, et moi, j’ai dû me mettre à travailler et élever ma petite sœur toute seule pendant un an. »

Une épreuve pour toute la famille qui décide, une fois la maladie vaincue, de ne plus jamais être séparée et de se retrouver en région parisienne. Une excellente décision semble-t-il, puisque, très peu de temps après son arrivée, Esther rencontre l’amour.

Pas de gaspillage !

En plus de son mari, un Spinassien pur jus avec qui elle s’installe en centre-ville, elle fait la connaissance de sa belle-sœur, avec qui elle a l’idée de monter Le Kimia, un tiers-lieu dans le XXe arrondissement de Paris, qui fait tout à la fois café, espace de co-working et épicerie dédiée au vrac. Hélas, pas de chance, l’ouverture se fait en mars 2020, le jour même où est annoncé le confinement. Les deux associées s’adaptent et se consacrent uniquement à la vente de produits alimentaires. Et c’est en cette période difficile où chacun se fait sans doute plus attentif aux autres qu’Esther se prend d’affection pour un client, un vieux monsieur qui n’arrive plus à se procurer ses confitures préférées, allégées en sucres. « J’ai décidé de lui en faire. En plus ça permettait de ne pas gaspiller les fruits et les légumes invendus », raconte Esther pour qui le gaspillage alimentaire est effectivement une hérésie totale. « J’ai été très choquée par la quantité de denrées jetées en arrivant en métropole. Aux Antilles, beaucoup de gens cultivent eux-mêmes leurs fruits et légumes, c’est beaucoup moins répandu ! »

La persévérance paie

Elle fait donc des essais dans sa petite cuisine spinassienne, parfois nombreux. « Je peux vous dire que j’en ai brûlé des fonds de casseroles pour mettre au point la confiture à l’abricot parfaite, ni trop sucrée ni trop fade ! Et puis comme j’ai un palais exotique, habitué aux épices, j’avais au départ tendance à en mettre trop. Il a fallu réajuster. » L’octogénaire pour qui Esther s’est mise aux fourneaux est finalement conquis et les clients du café auxquels elle fait goûter ses produits aussi. Du coup, Esther décide de quitter son travail au Kimia dont elle reste toutefois associée et monte sa petite fabrique de confitures. Des doutes, Esther en a parfois, comme tout le monde.

« Heureusement, je suis très soutenue, notamment par ma mère, qui m’a toujours encouragée dans cette voie. Elle dit que, vu mon caractère, j’ai tout intérêt à être mon propre patron, résume celle qui est fière de se dire autodidacte. Pour le moment, c’est encore assez artisanal, mais j’aimerais beaucoup avoir mon propre laboratoire pour pouvoir passer à la vitesse supérieure, et pourquoi pas une petite boutique, avec des confitures mais pas que… tout ça bien sûr à Épinay ! » 

Article du 5 mai 2022, mis à jour le 26 août 2022

«

« Je peux vous dire que j’en ai brûlé des fonds de casseroles pour mettre au point la confiture à l’abricot parfaite, ni trop sucrée ni trop fade ! Et puis comme j’ai un palais exotique, habitué aux épices, j’avais au départ tendance à en mettre trop. Il a fallu réajuster. »

»
Esther Kouby