Vos talents : Gérard Estival, éclair de la pellicule
L’histoire d’Épinay-sur-Seine est indissociable de celle des mythiques laboratoires de la société Éclair. Pendant près d’un siècle, des centaines de femmes et d’hommes se sont succédé derrière l’iconique façade grise pour donner vie à la magie du cinéma.
En 2022, ce site fermé depuis 2016, va respirer d’une vie nouvelle avec l’ouverture d’un lieu de création artistique et culturelle, accessible à tous. Alors que les travaux avancent, nous avons souhaité aller à la rencontre d’une figure marquante des laboratoires Éclair, Gérard Estival, étalonneur, qui y a travaillé pendant plus de trente ans, avant de poursuivre sa carrière au sein de la Police municipale. Durant sa carrière, il a pu côtoyer les plus grands réalisateurs et préparer les pellicules d’un nombre incalculable de films. Il revient avec nous sur son parcours.
Son métier de « Maître des couleurs »
« J’ai travaillé comme étalonneur durant toute ma carrière, c’est moi qui étais responsable du rendu des couleurs sur la pellicule. Concrètement, je devais fabriquer les copies nécessaires à la projection nationale d’un film et m’assurer qu’elles soient toutes conformes à la référence transmise par les studios. Mais je pouvais intervenir également dès le tournage d’un film, en travaillant directement avec le directeur de la photographie pour produire une colorimétrie parfaitement fidèle à la vision du réalisateur. » Pour parvenir à manipuler à son envie les couleurs sur la pellicule, Gérard a dû apprendre à maîtriser toutes les techniques : « On pouvait sous-exposer, surexposer, rajouter des filtres pour ajuster les couleurs vers le chaud, ou vers le froid. » Il a vu évoluer la technique au fil des années et a dû s’adapter en permanence aux derniers standards de l’industrie.
Mais, avec l’arrivée fracassante du numérique dans les années 2000, les films en argentique se sont faits de plus en plus rares jusqu’à pratiquement disparaître. Les bonnes vieilles bobines n’ont néanmoins peut-être pas dit leur dernier mot : « Comme le vinyle, qui est revenu à la mode, il est possible que la pellicule retrouve un jour ses lettres de noblesse, certains réalisateurs y reviennent ».
Son regard sur la nouvelle vie des laboratoires Éclair
« Pendant des années les laboratoires ont fait partie de l’identité d’Épinay, les plus grands noms du 7e art sont venus à Éclair qui avait la plus grosse part de marché en France. Mais la plupart des habitants passaient devant notre façade sans se douter de ce qui se passait à l’intérieur. »
Il porte un regard bienveillant sur la nouvelle page qui va s’ouvrir pour le site : « Le projet à l’initiative de la Ville préserve l’histoire des laboratoires tout en permettant aux habitants de s’approprier ce lieu, d’y passer du temps, et peut-être d’en apprendre plus sur ce qu’il a été tout en profitant de sa nouvelle destinée. »
Article du 5 février 2022, mis à jour le 26 août 2022
Pendant des années les laboratoires ont fait partie de l’identité d’Épinay, les plus grands noms du 7e art sont venus à Éclair qui avait la plus grosse part de marché en France. Mais la plupart des habitants passaient devant notre façade sans se douter de ce qui se passait à l’intérieur.
»