Vos talents : Marie-Christine Zeghbib et ses doigts de fée
Cela fait plus de quarante ans que Marie-Christine est passionnée par la couture, la broderie et le tricot. Mais parce qu’elle n’a pas la formation adéquate, elle ne s’était jamais autorisée à en faire autre chose qu’un passe-temps. À 56 ans enfin, cette Spinassienne lance sa marque, « La Fée Couture ».
À la rentrée, c’est elle qui fabrique les sacs à dos et les trousses de ses enfants, Sarah, 12 ans, et Ilan, 15 ans, et récemment, alors qu’il était invité à un mariage, un de ses amis lui a demandé un costume, qu’elle lui a confectionné dans un beau tissu bordeaux, agrémenté d’une doublure en satin noir. Même si son entourage lui passe régulièrement commande, preuve incontestable d’un talent certain, il a fallu du temps pour que Marie-Christine Zeghbib y croit enfin. Pourtant, il ne se passe pas un jour sans que l’on entende ronronner la machine à coudre dans le petit appartement de la rue de Paris. « Je couds peu pour moi car au final, vu que je passe tout mon temps plongée dans mes coupons de tissus, mes boutons et mes aiguilles, je n’ai pas forcément besoin d’être très apprêtée », rit la discrète quinquagénaire. Ses sorties préférées ? Ses expéditions à Sarcelles ou à Bobigny, à la recherche de tissus originaux.
Une démarche éco-responsable
« J’aime beaucoup travailler les tissus africains, certains sont vraiment magnifiques. Mais je trouve aussi très stimulant de détourner des vêtements déjà existants pour faire du neuf avec du vieux, c’est ce que l’on appelle l’upcycling. Avec des tentures de rideaux, je fais des robes, avec une vieille robe en simili-cuir j’ai récemment fabriqué un sac et je prolonge régulièrement la vie des pantalons de mes enfants, en les démontant entièrement et en y ajoutant des bandes de tissus sur les côtés. C’est très à la mode ! » Celle qui a fait mille métiers mais a arrêté de travailler en devenant maman a aussi toujours répondu présent lorsque l’école ou le club de twirling où s’entraînent
ses enfants l’appellent à la rescousse pour fabriquer les costumes du spectacle de fin d’année. Qu’importe qu’il faille, comme ce fut le cas, coudre 30 00 strass sur 15 justaucorps ! « Elle est comme ça, Marie-Christine, elle a le cœur sur la main. Et une force de caractère incroyable », résume Nathalie Vilocy, la directrice de la Maison du Centre MC2 où Marie-Christine suit des ateliers couture depuis des années.
Son premier défilé à la MC2
C’est vrai que la vie ne l’a pas forcément épargnée, mais à chaque drame, la couture était là. « Pendant douze ans, j’ai accompagné ma mère, qui vivait à la maison, dans son combat contre le cancer. Quand elle est décédée, en 2019, j’ai ressenti un besoin quasi compulsif de coudre pour me changer les idées et apaiser mon chagrin », raconte Marie-Christine. C’est à ce moment-là qu’elle a décidé de lancer sa propre marque : « La fée Couture ». « Jusqu’ici, je pensais que ce n’était pas pour moi parce que je n’ai pas de formation, je ne sais même pas lire un patron ! », explique-t-elle. Mais sa débrouillardise et sa ténacité ont eu raison des obstacles, et c’est donc avec une grande fierté que, le 14 mai dernier, elle a pu présenter ses créations lors d’un défilé à la Maison du Centre MC2, quelques jours tout juste après avoir obtenu un crédit pour pouvoir s’équiper d’une machine à coudre professionnelle. « J’ai beaucoup de chance », se contente de dire humblement la Spinassienne. On dirait bien qu’enfin de bonnes petites fées protègent Marie-Christine.
Article du 5 juin 2022, mis à jour le 26 août 2022
« Elle est comme ça, Marie-Christine, elle a le cœur sur la main. Et une force de caractère incroyable »
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